Le béton en renfort de la digue de Bormes-les-Mimosas
Nichée en pleine verdure, au creux du massif des Maures, la célèbre cité varoise de Bormes-les-Mimosas est tournée vers la Méditerranée. Protégé des houles du sud par les îles de Port-Cros et du Levant, le port restait très exposé à la houle d’est, le rendant vulnérable.
Retour sur un vaste programme de restructuration et de protection de la digue principale du port, mené par le Yacht Club International de Bormes-les-Mimosas (YCIBM).
La restructuration complète de la digue du large
Construit en 1970, le port de Bormes-les-Mimosas est, du fait de son orientation, très exposé à la houle d’est. Sa digue principale, constituée de blocs rocheux sur près de 770 mètres, est régulièrement soumise à des franchissements : ces dernières années, trois grosses tempêtes ont entraîné une évacuation des bateaux et causé d’importants dégâts. Afin de sécuriser les biens et les personnes, la société du Yacht Club International (YCIBM) a lancé un important projet de réfection de l’ouvrage, devant s’intégrer dans le paysage protégé de Bormes. La restructuration consiste à raidir la pente du talus à l’aide d’enrochements et de blocs ECOPODE™ et ACCROPODE™ II, puis, à créer un bassin de déversement et à surélever le mur de garde d’une casquette de renvoi de houle. Ce système de protection a été retenu pour son renvoi efficace des franchissements dynamiques des lames d’eau et son impact minimal sur le paysage.
215 casquettes renvoi de houle préfabriquées
Le mur de renvoi de houle est surmonté de 215 casquettes inclinées en béton préfabriqué. Plus de 600 m3 de béton auront été nécessaires à leur fabrication dans l’usine de préfabrication Bonifay de Flassans-sur-Issole, à une cinquantaine de kilomètres de Bormes-les-Mimosas. Chaque pièce, de 3 m3 chacune, a été réalisée dans des moules matricés, dont la forme et le motif ont été dessinés sur-mesure
« Afin d’optimiser la formulation du béton - un béton de classe XS3 résistant à la corrosion induite par l’exposition au sels marins - MAPEI a fourni un superplastifiant haute performance » précise Mikaëlle Astier, technico-commerciale MAPEI adjuvants bétons sur le Sud-Est. Ainsi, le superplastifiant haut réducteur d'eau DYNAMON XTEND W333, couplé au MAPETARD CBS1, a permis d’obtenir un béton robuste avec un bon maintien d'ouvrabilité. « Une solution qui a facilité le bon déroulement du coulage puisqu’il faut 1h30 aux équipes de Bonifay pour couler une pièce ». Une fois la formulation validée, une organisation minutieuse a été mise en place. « A raison de 2 moules, nous réalisions 2 casquettes par jour. Le coulage avait lieu chaque jour en milieu d’après-midi et les pièces étaient décoffrées le lendemain en début de matinée. Nous appliquions sur la surface lisse du coffrage MAPEFORM ECO 2000, agent de démoulage différé végétal et une cire sur la face matricée, afin d’assurer des parements de qualité » explique Thierry Haultcoeur, responsable de l’usine Bonifay de Flassanssur-Issole. Les quelques pièces qui présentaient des défauts de bullage ont été réparées à l’aide du ragréage mural allégé NIVOLITE G gâché avec PLANICRETE LATEX. Les pièces fabriquées étaient stockées une semaine dans l’usine Bonifay avant d’être entreposées en extérieur afin qu’elles se patinent. Le contexte COVID ayant entraîné un arrêt temporaire du chantier, les casquettes renvoi de houle sont restées stockées plusieurs mois en extérieur, attestant ainsi leurs résistances aux intempéries. L’ensemble des casquettes a ensuite été validé avant leur mise en place sur site par Eiffage Travaux Maritimes et Fluviaux, en charge du chantier. Fin juin, les pièces ont été acheminées à raison de 4 pièces par porteur. Les 215 casquettes ont ainsi été mises en place sur les 600 mètres du mur de la digue.
Un des enjeux du projet était l’intégration paysagère et architecturale, la digue étant située dans une zone protégée. Aujourd’hui, grâce aux matériaux et aux tons choisis, l’ouvrage s’intègre parfaitement dans le paysage côtier. Le béton jaune ocre des casquettes fait ainsi écho aux maisons colorées de la cité de Bormes-les-Mimosas. Le motif de la face supérieure reprend les ondulations de la « posidonie » (Posidonia Oceanica), une herbe aquatique protégée très répandue en Méditerranée. Ce motif singulier permet de donner une ligne de fuite et d’alléger la perception de l’ouvrage.