SCL Tigers : tactique audacieuse
CEO-Talk
Mapei en visite chez les SCL Tigers: notre directeur général Martin Schneider s’entretient avec le président du conseil d’administration Peter Jakob et CEO Dieter Aeschimann au sujet du nouveau Campus. Ils nous livrent leur recette pour mener une entreprise vers la réussite.
L’inauguration du nouveau campus à Langnau a eu lieu le 7 septembre 2024. Quel objectif le SCL Tigers poursuit-il avec ce nouveau campus?
Peter Jakob: Si, à l’avenir, les SCL Tigers veulent monter dans la ligue supérieure, ils ont besoin d’une relève au-dessus de la moyenne. Aussi, nous n’avions qu’une patinoire à disposition. Depuis longtemps déjà, la région avait exprimé le souhait d’avoir une deuxième patinoire pour les entraînements des SCL Tigers, mais aussi pour des tiers. Le campus permet les deux: attirer les formateurs de qualité grâce à une bonne infrastructure, ce qui rendra le club plus attractif pour les jeunes sportifs.
Dieter Aeschimann: Le campus doit devenir à l’Emmental ce que Macolin est au sport suisse.
Quelle est l’offre du campus?
Dieter Aeschimann: Avec la patinoire supplémentaire et la halle d’athlétisme, nous disposons d’une offre sportive pluridisciplinaire pour les athlètes, pour nos joueurs, lutteurs et patineuses artistiques. Notre petit terrain de glace synthétique nous permet d’organiser des entraînements 2 contre 2 ainsi que d’autres entraînements ciblés. En outre, nous avons une nouvelle tribune avec vue imprenable sur la glace pouvant accueillir jusqu’à 200 personnes de plus, une nouvelle brasserie ouverte au public, un local pour le club business ainsi qu’un nouveau parking.
Dieter Aeschimann
«Se contenter de la moyenne ne suffit pas pour atteindre le sommet.»
Quel est le lien entre Mapei et le campus?
Martin Schneider: Nous avons livré les adjuvants pour le béton en général et plus particulièrement pour la patinoire. Il a fallu créer une formule de béton spéciale que nous avons développée en collaboration avec notre partenaire. Le béton devait être souple pour une mise en œuvre efficace et sa consistance devait permettre d’assurer son pompage. D’autre part, le béton devait durcir rapidement et être d’excellente qualité pour éviter la formation de fissures. Enfin, la mise en œuvre demandait de la flexibilité puisque la patinoire n’était accessible que d’un côté.
Quelles sont les perspectives du campus à l’avenir?
Peter Jakob: Je suis convaincu que nous avons besoin de nouveaux leviers économiques. Avec les SCL Tigers, nous jouissons d’une image de marque sympathique, nous sommes à cinq minutes de la gare avec de bonnes connections et nous avons un potentiel d’évolution énorme. Ce qui manque encore, ce sont les hébergements: un hôtel d’environ 60 chambres. Il permettrait d’accueillir du monde lors d’événements sur le site, favoriserait le tourisme régional, par exemple des cyclotouristes ou des touristes individuels, américains ou asiatiques. Pour donner une base économique solide à ce projet, nous avons besoin d’une bonne organisation qui gère son lancement ainsi que de bonnes connections de transport.
Dieter Aeschimann: Un hôtel nous permettrait d’organiser des camps d’entraînement dans le campus et de mieux le rentabiliser.
Jakob Rope Systems est le sponsor principal des SCL Tigers. Soutenez-vous d’autres disciplines sportives?
Peter Jakob: Nous soutenons les SCL Tigers activement depuis 15 ans. Nous ne faisons pas ça pour des raisons économiques, mais parce que nous voulons que l’infrastructure existante pour le hockey sur glace favorise la pratique du sport ainsi que des loisirs. Dans un cadre plus restreint, nous soutenons aussi les événements de notre clientèle et les activités de nos collaborateur·trice·s.
Dieter Aeschimann: Avec les SCL Tigers, nous avons la grande chance d’être largement soutenus par de nombreuses PME qui nous restent fidèles. Lors de la construction du campus, nous avons pu créer de nouveaux partenariats durables et sur le long terme avec des entreprises locales.
Peter Jakob: Le nouveau campus est le fruit de la collaboration entre des PME et des personnes individuelles locales passionnées que nous avons élaboré de manière professionnelle et achevée. Nous avons connu des moments difficiles, mais cela ne nous a pas empêché d’aller de l’avant et de trouver des solutions.
Mapei est également sponsor sportif. Sur quels sports vous concentrez-vous?
Martin Schneider: Nous sommes «Main partner» du championnat du monde de cyclisme sur route UCI qui a eu lieu cette année à Zurich. Cet engagement pour le cyclisme de compétition, nous le devons à Giorgio Squinzi, l’ancien directeur de la maison mère en Italie. Le hockey sur glace est un sport d’action qui convient très bien au monde de la construction. Nous avons longtemps été présents sur la scène du hockey sur glace avec des bandeaux publicitaires. Aujourd’hui, lors des matchs de hockey, nous préférons organiser des événements avec notre clientèle et offrir ainsi du vécu.
Martin Schneider
«Il est primordial pour nous d’être proches de nos client·e·s et de nous orienter aux besoins du marché.»
Jakob et Mapei sont deux sociétés situées dans des régions plutôt rurales et qui sont dynamiques. Quelle est la recette de votre réussite?
Peter Jakob: Dans l’Emmental, il y a quelques entreprises reconnues dans le monde entier. Ce sont toutes des PME et des entreprises familiales. Elles n’ont pas d’actionnaires qui attendent des dividendes et pas de managers qui se contentent d’administrer. Mon oncle, par exemple, avait des idées passionnantes, basées sur la confiance, qui n’auraient jamais vu le jour dans une grande entreprise. Notre expansion au Vietnam s’est concrétisée à la suite d’un voyage en vélo – nous nous sommes fiés à notre intuition et avons remonté nos manches.
Martin Schneider: Les PME sont le centre névralgique de la Suisse et notre principal point fort. Je suis enthousiaste de voir qu’en Suisse, il y a de nombreuses sociétés très spécialisées qui sont situées justement aussi dans les régions rurales. Par expérience, je sais que l’on y trouve ici aussi des salarié·e·s fiables qui veulent faire bouger les choses.
Dieter Aeschimann: La passion et l’identification de nos collaborateurs·trice·s est immense. Et chez nous, comme vous le savez: Tiger un jour, Tiger toujours!
Quel rôle joue le facteur innovant dans la réussite?
Peter Jakob: Pour développer nos produits, nous écoutons avant tout nos client·e·s. Nous investissons dans des collaboratrices et des collaborateurs sérieux, très qualifiés ainsi que dans la recherche et le développement. Nous avons fait de grands progrès technologiques et nos ingénieurs très qualifiés nous permettent de réaliser des projets qui auraient été totalement inconcevables il y a 15 ans.
Martin Schneider: Je partage cet avis. Nous avons besoin d’investir régulièrement dans la recherche et le développement. Chez Mapei, nous prenons en compte les besoins de notre clientèle et analysons l’évolution de la branche de la construction pour créer les produits dont on a besoin sur le marché. Il est primordial pour nous d’être proches de nos client·e·s et de nous orienter aux besoins du marché.
Dieter Aeschimann: J’ai mentionné tout à l’heure notre patinoire en glace synthétique. Cette glace synthétique est fabriquée à base de déchets en plastique issus des océans. Elle est utilisée pour la première fois dans le monde ici à Langnau de manière professionnelle dans une patinoire de hockey. Nous sommes une référence en matière d’innovation.
Les SCL Tigers sont la seule équipe de hockey de Suisse qui a fait émerger deux gardiens en NHL. Désormais, nous avons la possibilité, grâce à la glace synthétique et aux nouvelles possibilités d’entraînement, de devenir La Mecque des gardiens. Si nous arrivons à financer un entraîneur pour la relève, nous disposons d’une offre attractive pour les futurs professionnels.
Quelle est l’influence des autorités, des concurrents ou des partenaires sur l’évolution d’une entreprise?
Martin Schneider: Mapei ne peut pas fonctionner en restant isolée, elle interagit constamment avec les autres. Nos concurrents sont bien sûr nos compétiteurs, mais nous partageons les mêmes intérêts que nous défendons ensemble dans les associations. L’important pour nous, c’est que nous voyons en nos clients et nos fournisseurs des partenaires; et nous apprécions aussi que l’on nous considère comme tel.
Peter Jakob: Mon expérience chez Jakob et avec les SCL Tigers m’a appris qu’il est important que l’on travaille correctement et en toute transparence. L’honnêteté, le sérieux et la discipline sont des valeurs qui paient, particulièrement en Suisse.
Dieter Aeschimann: Pour moi, la transparence dans une entreprise est importante, mais il y a aussi des limites. Nous sommes un club sportif et donc très présents dans la vie publique. Cela influe sur notre manière de nous présenter en public, mais aussi dans le privé. Nos joueurs sont conscients qu’ils doivent être vigilants dans leurs déclarations et leurs actions. Sinon, en moins de deux, ils sont pointés du doigt sur les réseaux sociaux ou dans les médias.
Faut-il se montrer audacieux?
Dieter Aeschimann: En tant que SCL Tigers, nous ne devons pas avoir peur des nous montrer. Nous sommes une marque solide avec beaucoup de sympathisant·e·s et nous pouvons nous permettre aussi de faire preuve d’audace. Nous avons été le club de hockey qui a joué en 2007 pour la première fois dans un stade de football dans le cadre du «Tatzen-Derby». Nous avons vendu plus de 30’000 places – à l’époque, un record en Europe! En construisant le campus, nous avons apporté quelques changements au stade pour la nouvelle saison. Nous avons installé de beaux sièges baquets noirs. Ils n’ont pas fait l’unanimité, mais nous avons eu des conversations intéressantes avec nos fans et avons reçu de nombreuses propositions. Cela nous a amenés à adapter la numérotation des sièges. Avec le campus, nous avons la possibilité de faire bouger les choses au-delà du «Tigerland» tel qu’il est aujourd’hui. Si on veut obtenir quelque chose, il faut faire quelque chose de différent, de spécial. Se contenter de la moyenne ne suffit pas pour atteindre le sommet.
Martin Schneider: Oser et innover sont pour moi indissociables. En outre, on a besoin de personnes qui endossent des responsabilités et prennent des décisions.
Peter Jakob: En tant que SCL Tigers, nous regardons ce que d’autres clubs font. Mais au final nous faisons ce qui nous convient. Ici à Langnau, nous avons fait preuve d’audace et avons construit ce campus. Nous en sommes ravis et très fiers. Toutes les entreprises doivent faire ce qu’elles peuvent assumer. L’important, c’est de toujours se remettre en question et de ne pas attendre qu’il soit trop tard.
Peter Jakob
«L’important, c’est de toujours se remettre en question et de ne pas attendre qu’il soit trop tard.»
Peter Jakob
Depuis 2008, Peter Jakob est, avec Jakob Rope Systems, le sponsor principal des SCL Tigers et depuis 2009, le président du conseil d’administration des SCL Tigers. Représentant de la troisième génération, il est devenu membre de la direction du site de production pour cordes en fibres et câbles métalliques en 1984 à Trubschachen. Sous sa direction, l’entreprise s’est étendue en 2002 vers le Vietnam. Avec Emanuel Jakob comme directeur des opérations, la quatrième génération prend les commandes. Aujourd’hui, la société Jakob AG emploie quelque 740 collaborateur·trice·s dont 120 en Suisse, 850 au Vietnam et 40 en Allemagne, en France, en Autriche et aux USA.
Dieter Aeschimann
Dieter Aeschimann a occupé le poste de CEO du SCL Tigers de 2001 à 2003. Ensuite, il est parti dans le secteur privé et a occupé le poste de Directeur de marché régional dans une banque pendant 16 ans. En mai 2024, il a repris les fonctions de CEO des SCL Tigers. La SCL-Tigers AG comprend quelque 60 postes à plein temps. Plus de 200 employé·e·s à temps partiel sont mobilisés pendant les matchs.
Martin Schneider
En 1996, Martin Schneider a commencé comme Directeur des Ventes chez Mapei, peu après la création de la filiale suisse par la maison mère en Italie. Il est directeur de Mapei Suisse SA depuis 2015. Mapei compte en Suisse plus de 100 collaborateur·trice·s.