Dans la nouvelle norme SIA 181:2020, l’augmentation de la protection contre le bruit est passée de 3 dB à 4 dB. À première vue, pas un gros changement – à moins que ce seul décibel joue un rôle déterminant?
Il s’agit d’un resserrement général de toutes les exigences. Nous considérons que cela n’est pas un problème en matière de bruit aérien ou de bruit de choc, cependant la situation est plus problématique pour la conformité avec les équipements techniques.
Dans la nouvelle norme SIA 181:2020, l’impulsion des bruits sur les sols se fait-elle avec une machine à chocs normalisée et, pour les douches à l’italienne, selon le revêtement et la construction, avec un marteau basculant? Pour quelle raison distingue-t-on ces deux méthodes de mesure?
Sur le plan acoustique, le receveur de douche est soumis à d’autres sollicitations que le sol attenant. De ce fait, le receveur de douche doit être testé à l’aide du marteau basculant et le sol attenant doit être contrôlé avec une machine à chocs normalisée.
Ces dernières années, de nombreux cantons ont renforcé les exigences énergétiques des isolations périphériques. Est-ce cela qui a poussé à renforcer les exigences acoustiques?
Non, ces adaptations sont effectuées sur la base des recommandations internationales (cf. ISO/DIS 19488).
Cette norme SIA 181 est citée dans l’art. 32 de l’ordonnance sur la protection du bruit (OPB), ce qui lui confère une grande importance. Cela concerne-t-il seulement le domaine public ou aussi les constructions privées?
Cela concerne tous les domaines, aussi bien publics que privés.
La chape flottante joue un rôle central en matière d’isolation aux bruits de choc. D’après votre expérience, où apparaissent les vices d’exécution qui ont des répercussions négatives sur les bruits de choc lors de la réalisation de chapes flottantes?
Les problèmes apparaissent dans la plupart des cas avec des ponts acoustiques, au niveau des connexions rigides entre le support flottant et le reste du corps du bâtiment. Cela peut être le cas avec un pont en mortier.
Dans quels cas un chapeur est-il concerné par les modifications de la nouvelle norme SIA 181:2020?
La construction doit faire apparaître encore moins d’imperfection et on accorde encore plus d’importance à une construction exempte de défauts.
Que conseillez-vous aux poseurs de sol pour la pose revêtement sur une chape flottante?
Une attention toute particulière doit être portée à la désolidarisation de la construction et notamment aux bandes de rive.
À supposer qu’une chape flottante normée réponde aux exigences en matière de bruit de choc, quelles seront les conséquences des ponts acoustiques isolés, en présence par exemple d’un mortier-colle à base de ciment et/ou d’un revêtement attenant à un mur (pont de bruit solidien)?
De petits ponts acoustiques au niveau du bruit solidien peuvent signifier que les exigences en matière de bruit d’impact ne peuvent pas être satisfaites.
Les points de jonction dans les salles de bains entre les installateurs sanitaires, les maçons, plâtriers, carreleurs représentent-ils des points faibles importants en matière d’acoustique?
Le problème avec ces différentes interfaces est celui des responsabilités et une collaboration efficace entre tous les corps de métiers permettra de répondre aux exigences.
En pratique, nous constatons souvent qu’au niveau de la planification d’escaliers dans des immeubles collectifs, les chapeurs ou les poseurs de revêtement de sol n’ont aucune directive en matière d’acoustique. Quelle est la règle ici?
Cela dépend directement de la nature de la construction. Il faut prendre en compte ici la transmission des bruits solidiens ainsi que les distances entre les cages d’escalier et les appartements. Généralement, on prévoit des appuis acoustiques.
Comment se fait la distinction entre les bâtiments dans le cadre des exigences minimales et maximales telles que décrites dans la norme SIA 181:2020?
Dans la norme, la distinction se fait entre les appartements en location et ceux en copropriété.
Selon notre expérience, dans le cas de rénovation de bâtiments anciens, le thème de l’isolation des bruits de choc est largement sous-estimé notamment lorsqu’il s’agit de remplacer des revêtements anciens souples par un revêtement dur, par ex. du carrelage. Selon votre expérience, comment procéder pour éviter tout litige?
Généralement, un changement de revêtement est considéré comme une intervention mineure qui ne nécessite pas de permis de construire. De ce fait, dans la plupart des cas, on n’envisage pas l’éventualité selon laquelle la situation pourrait se détériorer. Ainsi, une petite rénovation peut causer le mécontentement des voisins du dessus ou du dessous qui se base sur la modification subjective de la situation acoustique. Nous conseillons d’effectuer une mesure acoustique avant et après la rénovation pour consigner ces informations.
Comment un artisan prudent peut-il se protéger et s’assurer si la planification des travaux de rénovation d’immeubles collectifs n’a pas prévu de mesures d’isolation aux bruits de choc ou que ces mesures sont insuffisantes? Par exemple, si une entreprise générale a prévu une isolation aux bruits de choc très fine et que tous les corps de métier impliqués savent que ce produit ne permettra pas de réduire efficacement le bruit.
Nous conseillons d’exiger la vérification des plans de construction avec la mesure des valeurs réelles in situ.
On entend souvent parler de «clause d’antériorité» et du fait qu’une rénovation ne doit pas diminuer la protection contre le bruit. Qu’est-ce que cela signifie?
La clause d’antériorité se rapporte au degré de profondeur de l’intervention. Si la rénovation consiste à plus qu’un coup de pinceau, les améliorations phoniques sont nécessaires.
En matière de rénovation, il existe plusieurs possibilités de réduire les bruits de choc au sol. Est-il possible de respecter la valeur du bruit de choc avec une isolation de faible épaisseur (2 à 4 mm) en combinaison avec un revêtement céramique selon les directives mentionnées dans la norme? Avec quelles épaisseurs de couche d’isolation aux bruit de choc avez-vous obtenu de bons résultats?
Pour nous, il est particulièrement difficile d’améliorer l’isolation phonique aux bruits de choc avec des couches de 2 à 4 mm. Nous avons obtenu de bons résultats avec 8 à 10 mm. Mais cela dépend aussi toujours du produit. Les valeurs d’amélioration décrites sont arbitraires dans la plupart des cas et elles ont tendance à être trop optimistes.
À votre avis, les poseurs de sol ont-ils le devoir de conseiller les maîtres d’ouvrage en matière d’isolation phonique dans les rénovations de bâtiments privés?
Oui, pour nous, ce devoir incombe à l’entrepreneur, d’autant que lui aussi porte une part de responsabilité.
Dans la branche, nous trouvons des isolations aux bruits de choc en combinaison avec les revêtements céramique avec des valeurs de tests très positives. Mais en pratique, combien peut-on gagner de décibels? Comment un artisan peut-il être sûr du résultat? Comment l’artisan peut-il se faire une idée des propriétés phoniques des produits en lisant les fréquences mentionnées sur le résultat de test?
C’est aussi notre manière de voir les choses: les valeurs d’amélioration phonique sont présentées de manière assez confuse et dans la plupart des cas, il n’est pas possible de les vérifier. En cas de doute, nous conseillons de s’adresser à un acousticien et de demander au fournisseur les tests avec mention concrète des conditions dans lesquelles ils ont été réalisés.